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Norvège : rencontre avec le PDG de Zeabuz, le projet futuriste de ferries électriques et sans pilote

Temps de lecture : 5 min

Zeabuz, c’est le projet scandinave qui pourrait bien révolutionner la mobilité urbaine mondiale. Des chercheurs et entrepreneurs norvégiens basés à Trondheim ont mis au point des ferries électriques et 100% autonomes pour traverser le fleuve de la ville.

 

Une petite révolution dans l’industrie maritime, et plus largement dans celle des mobilités, puisqu’elle ouvre des perspectives complètement nouvelles sur le monde de demain.

Un fleuron du secteur naval norvégien, l’un des plus en pointe à l’échelle internationale, qui fait la fierté de toute une ville… et d’Erik Dyrkoren, l’un des fondateurs de Zeabuz. Interview.

L’instant nordique : Erik, peux-tu te présenter en quelques lignes ?

– Erik : Je suis l’un des cofondateurs de Zeabuz. J’ai créé plusieurs entreprises auparavant et j’ai eu la chance de travailler dans de nombreux pays comme à Singapour, au Kazakhstan ou aux États-Unis. J’ai pu prendre part à un programme de l’Agence spatiale européenne aux Pays-Bas avant de rentrer dans mon pays natal, la Norvège, pour continuer ma carrière dans le secteur maritime.

Cet attrait pour le monde marin, je l’ai exprimé en fondant ma première entreprise, SARiNOR, un projet visant à accroître l’efficacité des opérations de recherche et de sauvetage dans le Grand Nord. Depuis 2008, je vis à Trondheim dans le nord de la Norvège où je mène une vie paisible, notamment portée sur les activités outdoor.

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Le futur de la mobilité urbaine se jouerait-elle sur l’eau ? ©Zeabuz

En quelques phrases, peux-tu nous présenter ton dernier projet en date, Zeabuz ?

Zeabuz est un projet soutenu par la plus grande université technologique de Norvège, la NTNU, à Trondheim. Nous sommes 14 à développer le projet qui a pour but de créer des structures aquatiques résistante et durable et qui s’inscrit dans l’ère de la mobilité de demain. Ce réseau complexe repose sur des stations d’amarrage et des recharges et de réseaux de communication à bande passante. Ces bateaux sans pilote peuvent être déployés et déplacés selon les conditions de chaque jour. Il en va de même pour la capacité de ces petits ferries autonomes qui peuvent accueillir plus ou moins de monde en fonction du temps, des jours et des saisons.

La première étape de Zeabuz est de développer et mettre sur pied ce réseau de bateaux autonomes sur des courtes distances, sur des rivières ou des canaux par exemple, en veillant bien aux expositions météorologiques. Ceci afin de résoudre les défis fondamentaux de la commercialisation de la mobilité autonome.

Peux-tu revenir sur les origines de Zeabuz ?

L’idée de départ de Zeabuz repose sur le résultat de plusieurs projets de recherche menés à la NTNU afin de résoudre un enjeu vraiment local. À l’origine, la municipalité de Trondheim voulait construire un pont pour piétons au-dessus d’un canal. Le problème majeur aurait été que ce pont bloquerait le passage des bateaux du club de navigation. On s’est réuni et l’inspiration nous est venue : pourquoi ne pas construire à la place un ferry autonome qui transporterait des piétons ? De là est né le projet Zeabuz, et voilà où nous en sommes aujourd’hui.

Mon rôle dans cette aventure est de piloter ce magnifique projet. Il me tient à cœur car je souhaitais vraiment contribuer à un concept en lien avec l’environnement, et plus particulièrement l’univers marin. Arrivé à un certain âge, vous vous rendez compte que ce dont vous voulez avant tout, c’est de rendre le monde meilleur. En plus, ce projet tombait à pic puisqu’il est né en Norvège, l’un des pays les plus en pointe dans l’industrie navale et avec une conscience élevée en matière de développement durable !

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Quelle est l’approche fondamentale de Zeabuz ?

La valeur de loin la plus importante pour Zeabuz est la confiance. L’autonomie en matière de mobilité urbaine ne peut être commercialisée que si le public et les autorités ont confiance dans la technologie, l’entreprise et les personnes qui se cachent derrière. Nous ne remplaçons pas seulement un capitaine par un pilote numérique ; nous remplaçons également les garanties qu’offrent un capitaine de navire et toute son expérience par des garanties basée sur le numérique. Pour que cela se produise, il faut que nous soyons dignes de confiance à 100%.

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Des petits bateaux-taxis pour se déplacer d’une rive à l’autre en Norvège. ©Zeabuz

En 2015, la Norvège est devenue le 1er pays à lancer un ferry électrique. Comment ce système de mobilité électrique peut-elle changer la vie à Trondheim ?

Ce lancement a été un vrai succès. Désormais, de nombreux ferries électriques remplacent les anciens modèles. Ce fut une véritable étincelle dans le monde maritime. À Trondheim, qui est une petite ville entourée de canaux et d’une rivière, les petits bateaux électriques et sans pilote de Zeabuz permettraient de réutiliser l’eau comme voie navigable. Cela permettrait aussi d’améliorer considérablement la mobilité des habitants et des cyclistes, et au final, de réduire la nécessité de se déplacer en voiture ou en bus.

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Plutôt sympa comme arrivée en soirée à bord de ces ferries autonomes. ©Zeabuz

Dans 15 à 20 ans, quelles seront les possibilités des véhicules à conduite autonome ? (voitures, camions, bateaux, avions,…)

C’est la question à un milliard de dollars. Les voitures autonomes semblaient plus proches de la réalité il y a quelques années qu’aujourd’hui. Il est possible que la technologie de la conduite sans chauffeur se rapproche d’une phase de désillusion où la réalité reprend le pas sur l’imaginaire.

L’autonomie suscite un intérêt considérable car elle offre de nombreuses possibilités de réduction des coûts, d’ouverture de nouveaux segments de transport, d’économies d’énergie, de réduction des accidents, de réduction de l’empreinte environnementale, etc. Cependant, nous commençons à voir à quel point il est extrêmement difficile de la faire fonctionner à grande échelle. Dans des systèmes fermés, l’autonomie fonctionne effectivement très bien. Mais mis en réseau avec d’autres systèmes complexes, la conduite en totale autonomie sans humain n’est pas encore assez sûre.

C’est en tout cas le constat que nous faisons chez Zeabuz. Notre plan consiste donc à commercialiser ce degré d’autonomie dans un système très simple : de petits ferries traversant une rivière, un canal, un lac ou un bassin portuaire, avec un trafic limité et à l’abri des intempéries. Les bateaux électriques et autonomes se déplacent lentement avec une vitesse de croisière de 5 nœuds. A terme bien sûr, l’idée est de se projeter dans des réseaux de mobilité plus complexes.

Toujours en Norvège, une voiture sur deux achetée récemment est électrique ou hybride. Quelles peuvent en être les raisons ?

Depuis quelques années, la Norvège mène une politique très agressive pour inciter les gens à se convertir à l’électricité. La Norvège a l’une des taxes les plus élevées au monde sur les voitures. En supprimant cette taxe pour les voitures électriques, les gens ont été facilement persuadés de passer à l’électrique. Tesla peut d’ailleurs remercier la Norvège pour son succès !

Je pense qu’un autre facteur pratique entre également en ligne de compte : le fait que les distances en Norvège correspondent bien à l’autonomie actuelle des voitures électriques.

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On attend le prochain bateaux-taxi à la station aquatique. ©Zeabuz

La durabilité est l’un des mots clés pour nos générations. Comment pouvons-nous être optimistes face au changement climatique alors que de nombreux gouvernements et entreprises prennent constamment des décisions afin de privilégier les bénéfices plutôt que la durabilité ?

Je pense que nous assistons aujourd’hui à un changement d’attitude important et global des entreprises vis-à-vis de la durabilité. Les consommateurs et les gouvernements du monde entier sont en train de prendre conscience de la dure réalité du changement climatique. Cela exige des changements qu’ils sont de plus en plus prêts à réaliser lorsque c’est possible. Les entreprises qui ne prennent pas part à ce changement de paradigme sont vouées à la disparition prochainement. En tout cas, c’est ce qu’il me donne le plus d’espoir.

Les smart-cities pourraient-elles être une réponse face à ces enjeux climatiques ?

La plupart des émissions proviennent des zones urbaines. C’est donc là que le changement doit se produire. La ville intelligente est un terme générique qui évoque en réalité des villes plus modernisées et agiles prêts à affronter les évolutions d’usages et de besoins. La mobilité en fait partie par exemple. Le principe repose également sur le traitement des données, cette fameuse data, pour améliorer la qualité de vie des citoyens et de l’environnement qui les entoure. Donc oui, je pense que la smart city peut être une des réponses pour les enjeux climatiques et environnementaux auxquelles nous devons faire face.

Quelque chose de plus léger : quels sont tes endroits préférés autour de Trondheim ?

Comme je l’ai dit, j’adore les activités outdoor et l’un des avantages de la vie à Trondheim est la proximité avec la nature. Les montagnes nous entourent et le ski est omniprésent. Est-il possible d’imaginer quelque chose de plus beau que de faire du ski de fond en pleine nuit avec seulement la lumière de la nuit pour nous éclairer ? J’apprécie énormément de faire du VTT dans la forêt.

L’instant nordique soutient les projets positifs des pays nordiques pour la planète, l’esprit ou le corps. Quel projet t’inspire au quotidien ?

L’industrie maritime norvégienne dans son ensemble est une grande source d’inspiration pour moi. Elle repose sur des siècles de travail. Ce petit pays d’Europe du Nord est aujourd’hui à la pointe du transport maritime écologique via des technologies vertes. Je suis fier de faire partie de cette communauté.

À plus grande échelle, ma carrière est fortement influencée par de grandes personnalités telles que Richard Branson et Elon Musk. Je pense que ces personnes ont un impact sur toute une génération, voire plus. De vraies sources d’inspiration pour moi.

Entretien réalisé par ©L’instant nordique.

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